« Les élèves s’ennuient toujours plus vite en classe », titrait Le matin dimanche il y a quelques mois dans sa rubrique société.
L’article évoquait la rentrée des classes qui venait de reprendre dans le canton de Vaud en Suisse et avec elle, un défi de taille pour les enseignants : Capter et surtout maintenir l’attention des enfants.
Alors pourquoi est-ce si difficile de demeurer attentif ?
Voici quelques explications émises ici et là. Elles sont nombreuses et diverses mais regardons-y d’un peu plus près.
Que nous disent les élèves ?
« Pour qu’un cours soit intéressant, faut que le prof soit intéressant », « La plupart du temps, c’est pas intéressant ! », « on s’ennuie à mourir », « On en peut plus de rester assis toute la journée », « Il fait trop chaud dans les salles »,
« Ça n’avance pas », « Je sais déjà ce que le prof va raconter », « On fait que copier », « Je peux pas me retenir de parler avec mes copains », etc.
Que nous disent les enseignants ?
« Ils ont tellement l’habitude de jouer avec la télécommande… », « Ils sont déjà fatigués en arrivant en cours le matin… », « La plupart n’ont pas l’habitude de faire des efforts pour rester attentifs », « L’attention est de moins bonne qualité et elle se maintient moins longtemps qu’auparavant », « Les élèves tombent plus vite dans la facilité. », etc.
Que nous disent les parents ?
« Il n’aime pas l’école, il est stressé à chaque rentrée », « Il rentre épuisé », « « Ça dépend des profs », « La remarque : Doit être plus attentif en classe, revient sans cesse dans les bulletins », « À la maison c’est pareil, il a du mal à rester attentif à ce qu’il fait et passe des heures pour terminer ses devoirs », etc.
Que nous disent les chercheurs ?
Philippe Meirieu pédagogue utilise parfois cette image : « si l’école s’était mise en tête d’apprendre la marche aux enfants, nombreux seraient les humains quadrupèdes ! ». Comment en effet s’y prendrait-elle ? Comme à son habitude : réunion d’experts, formulation d’objectifs et de sous-objectifs d’apprentissage, planification linéaire etc. À méditer … Nous y reviendrons dans un prochain article.
Quelques explications sur l’ennui des élèves
Alain Sotto, psychopédagogue, explique qu’entre le bruit, l’effort mental pour transposer les mots entendus en images mentales, la durée d’attention demandée, le stress, le côté parfois ennuyeux du sujet ou de la tâche demandée, il est effectivement difficile aux élèves et aux étudiants d’être et de rester attentifs.
En France 3 à 5 % des élèves sont diagnostiqués TDAH. Ils souffrent d’un déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Ils ont des difficultés à soutenir et sont vite distraits. Si ces enfants sont reconnus comme ayant de la peine à soutenir leur attention, qu’en est-il de tous les autres ? Je veux dire par là, qu’en est-il du niveau d’attention des 95 à 97% des autres enfants ? Comment expliquer et surtout comment remédier à leurs difficultés d’attention? Etre attentif est une compétence transversale nécessaire pour appréhender les apprentissages. Si elle fait défaut comme cela semble être de plus en plus le cas pour bon nombre d’enfants, de jeunes voire d’adultes qui pourtant ne sont en rien concernés par le TDAH, il y a urgence à comprendre vraiment ce qui se passe, ce qui entre en jeu et trouver des solutions pour sinon éliminer mais réduire ce manque flagrant d’attention en classe !
Pour en savoir plus…
En attendant de prochains articles sur le sujet, je vous invite à lire les livres de Jean-Philippe Lachaux sur l’attention, sujet qui nous préoccupe tous, à l’école comme en entreprise.
Livres : Jean-Philippe Lachaux Les petites bulles de l’attention
Le cerveau funambule